C’est la seule moto de série à embarquer cette technologie de pilotage issue du MotoGP

Une moto qui pense virage par virage ? Ce n’est plus une utopie d’ingénieur. Profitant d’un transfert direct depuis le MotoGP, Aprilia a greffé de série à sa RSV4 Factory 1100 (en option sur la RSV4) une technologie qui redéfinit l’assistance électronique en piste.
Le cerveau du pilote boosté à l’électronique
Depuis quelques années, on s’est habitués à voir débarquer sur les sportives des dispositifs venus tout droit du MotoGP : launch control, slide control, ABS en courbe ou encore encore le holeshot device, ce dispositif qui abaisse la moto au départ pour limiter le cabrage et maximiser la motricité. Mais là, Aprilia pousse le curseur plus loin, beaucoup plus loin. Sur sa RSV4 Factory 1100, c’est tout le comportement de la moto qui peut évoluer virage après virage, automatiquement, sans intervention du pilote. Comment ? Grâce à la fonction CornerByCorner, intégrée au Race Pack et synchronisée avec le module GPS. La RSV4 reconnaît automatiquement le circuit téléchargé, secteur par secteur, et ajuste en temps réel les réglages de l’Aprilia Traction Control (ATC), du Wheelie Control (AWC) et du frein moteur (AEB). La configuration évolue selon chaque portion du tracé et s’optimise tour après tour. Les chronos sont enregistrés automatiquement, et les données de roulage peuvent être analysées via Aprilia MIA. Ce système est fourni de série sur la RSV4 Factory et disponible en option sur la version standard, avec GPS et interface MIA à ajouter.
Pour aller plus loin plus fort
Pour ceux qui veulent aller encore plus loin, le Suspension Pack — exclusif à la RSV4 Factory — pousse la logique adaptative jusqu’aux suspensions. Grâce au système Öhlins Smart EC 2.0 piloté par l’algorithme Aprilia Damping Control (ADC), la moto ajuste compression et détente en temps réel selon la piste, les appuis, les accélérations ou les freinages. Que ce soit en mode actif ou en mode manuel, les suspensions peuvent, elles aussi, être paramétrées secteur par secteur, via le GPS et l’appli Aprilia MIA. De quoi faire évoluer le châssis au rythme de chaque virage.
220 chevaux et un QI d’ingénieur
Ce qui impressionne encore plus, c’est que cette technologie n’arrive pas sur un prototype inaccessible, mais bien sur une moto homologuée route, la plus puissante de sa catégorie avec ses 220 chevaux tirés d’un V4 de 1 099 cm³. Une mécanique bestiale, hors des clous du championnat WSBK à cause de sa cylindrée trop généreuse, mais calibrée pour le circuit et les journées de roulage où chaque dixième compte. Et c’est là que ce système prend tout son sens. En analysant tour après tour les points faibles – comme un avant qui talonne à l’entrée du virage 1, ou une roue avant trop légère en sortie de courbe rapide – le pilote peut peaufiner chaque paramètre. Ensuite, avec l’appli Aprilia MIA sur smartphone ou sur ordinateur suffit pour reprogrammer la moto, section par section, selon les données GPS.
De la télémétrie à l’action
C’est du pur MotoGP dans l’approche. En catégorie reine, les pilotes disposent aussi de réglages adaptatifs préprogrammés, mais ils doivent souvent ajuster manuellement en course. Ici, tout est automatisé. Et si le système se trompe parfois – une coordonnée GPS mal interprétée, un réglage mal appliqué – cela reste l’exception. L’avantage ? Le pilote peut repousser ses limites avec la confiance que l’électronique suivra. La moto devient complice, presque coach, ajustant les réactions selon les besoins du moment. Un truc que seul un mécano de très haut niveau pouvait encore faire il y a peu… et seulement dans un box d’usine.
Est-ce qu’on touche ici à la dernière grande frontière de l’électronique embarquée sur circuit ? Difficile à dire. Mais une chose est sûre : l’ère du réglage universel est révolue, et la RSV4 Factory 1100 vient de faire entrer les sportives dans une nouvelle ère.