La naissance d’un mythe de plus de 90 chevaux
Au beaux jours de 1995, je me balade avec mes parents place de la Victoire, à Bordeaux, quand je la croise pour la première fois. Elle est là, posée sur sa béquille, sans bruit, mais tout en tension. Mes yeux s’y sont collés comme rarement. Le plus fou, c’est que le monde du deux-roues m’était totalement étranger. Et sans le savoir, j’étais en train d’admirer un mythe qui allait durer plus de trente ans — et qui n’est toujours pas terminé : la Speed Triple T301 !
Speed Triple 1994 la détonation anglaise qui a tout changé
Quand Triumph ressuscite sa gamme au début des années 90, la Speed Triple surgit en 1994 comme une anomalie dans le paysage. A l’époque, roadster, sportive, café racer, tous ces mots n’étaient pas dans mon vocabulaire. Elle a fait naître ma curiosité pour la liberté, pas moins ! Dans une période où la moto se débat entre style et performance, elle fait les deux. Et surtout, elle a imposé un caractère. Retour sur celle qui a ouvert la voie à trente années d’insolence britannique.
Un trois cylindres pour cravacher sans retenue
Il a presque fallu fouiller les livres d’histoire pour retrouver les chiffres. Mais l’avantage, c’est qu’elle l’a écrite avec un grand H. Elle est la descendante d’une période où l’on construisait encore des machines avec des tripes et du métal, sans se soucier d’aérodynamisme ou d’assistance. On parle ici d’un moteur qu’on imagine vibrer avant même de tourner la clé, avec ses 885 cm3 trois cylindres en ligne, refroidi par eau, double arbre à cames en tête, 12 soupapes. Pour les chanceux encore en possession de la bête, il délivre 98 chevaux (94?) à 9 000 tr/min et 82 Nm de couple (83?) à 6 500 tr/min. Suffisamment pour catapulter les 209 kilos à sec dans une autre dimension. Le moteur, hérité de la Trident 900, a été optimisé pour offrir un comportement plus direct, plus rageur. La transmission repose sur une boîte 5 rapports, bien étagée, avec un embrayage à câble, simple mais efficace – de mémoire qui a évoluer en boite 6 sur les dernières versions de 1996.
Une partie-cycle à l’ancienne mais précise
Elle sortait des usines de Hinckley de Triumph avec une partie-cycle sans fioritures, avec un cadre monopoutre (merci à Thierry Etienne pour son retour) en acier à grande rigidité. La fourche télescopique hydraulique de 43 mm à l’avant était signée Kayaba, tout comme l’amortisseur arrière monté sur biellette. Pas de réglages sophistiqués, mais un compromis rigoureux entre confort et tenue de route. Le freinage était assuré par deux disques de 310 mm pincés par des étriers 4 pistons à l’avant, et un disque de 255 mm à l’arrière. Visuellement, ca m’avait heurté pourtant des quelques retours que j’ai eu ce n’était pas surdimensionné, plutôt pédagogique : il fallait s’engager pour freiner fort.
Un style café racer des faubourgs
Et justement, visuellement, la Speed Triple T301, c’était un choc. Je me souviens avoir tourné autour comme on le ferait d’un animal qu’on ne veut pas réveiller. Le réservoir en métal, massif, posait immédiatement l’ambiance : brut, sans détour. Pas de carénages, juste une ligne tendue, directe. En remontant vers l’arrière, la selle monoplace s’élançait vers un feu discret, intégré à la coque, avant de révéler ce détail qui m’a marqué : le flanc orné du nom « Speed Triple » avec un style graphique différent pour chaque mot. À l’avant, le phare rond monté sur pattes lui donnait un regard prêt à bondir. Le guidon d’origine, bas et sportif, trahissait son ADN de machine engagée. Certains le remplaçaient par un cintre droit pour la rendre un peu plus docile, mais elle gardait toujours cette allure tendue, prête à bondir. Pour l’ado que j’étais, c’était un ovni roulant. Et chaque détail me hurlait que je venais de croiser quelque chose d’unique.
Une ergonomie sans compromis
Je me souviens encore du tout premier motard que j’ai vu la dompter. Il était basculé vers l’avant, les bras tendus sur un guidon plat et bas, le buste plongé au-dessus du réservoir. Sa position trahissait une moto physique, engagée. L’assise semblait ferme, et les suspensions, sans tolérance. Pour l’ado que j’étais, ce n’était pas un simple style : c’était un rituel. Monter sur cette Triumph, c’était accepter d’y laisser un peu de soi.
Un retour gagnant pour Triumph
Après sa faillite en 1983, Triumph renaît en 1990 grâce à John Bloor (après 6 ans de travail), avec une gamme modulaire construite autour de moteurs 3 et 4 cylindres. Mais c’est avec la Speed Triple que la marque ose enfin un style à part entière, loin des standards japonais ultra-formatés. Dans une décennie où l’Europe tente de réaffirmer son identité — Ducati en Italie, BMW en Allemagne — l’Angleterre répond avec une machine de caractère, sans compromis, furieusement britannique. Entre 1994 et 1996, la T301 ne se contente pas d’exister : elle a allumé des passions durables.
Un héritage encore bien vivant
Une trentaine d’années plus tard (ça me rajeunit pas), la légende Speed Triple continue de s’écrire. Mais tout a commencé là-bas, dans ce passé où un modèle un peu brut de décoffrage, sans assistance ni filtre (entendons-nous d’apparence), incarnait l’essence même d’une machine que beaucoup ont regardée trop jeunes, trop impressionnés, mais qui reste gravée dans l’imaginaire. Peut-être parce qu’elle posait une question simple : et si c’était ça, la vraie moto ?
J’ai bien aimé votre article.
Je suis possesseur d’une Triumph Trident 750 cm 3 de 1994 T 133, vert anglais.
On dirait des cousines.
Ce n’est pas un » ordinateur sur roues….. »
Effectivement il y a un air de famille !
Et avec le fameux BRG : British Racing Green ! Rien que la couleur est une institution !
la 750 avec plus de caractère et des silencieux Laser….j’adore encore a 140 000 kms
Bonjour : en 1994 j’avais une T301 : j’ai pris énormément de plaisir avec cette moto : de supers moments
J’ai eu la Daytona T357, la même que celle là mais avec un carénage. Une moto dont on se souvient. Elle me laisse beaucoup de souvenirs et aussi pleins d’outils 🤣
Je roulais en VFR a l’époque et aussi avec une vieille Triumph Thundeebird; depuis j’ai changé pour une Thruxton R mais j’ai toujours la Thunderbird…
J’ai parcouru 125.000 kms avec une Speed Triple acheté en 2000. Ah ce 3 pattes, inoubliable !! Que du bonheur..
Avec mon vieux 500 XT de 1976 ,il me fallait en 1995 un engin qui puisse me faire autant vibrer avec plus de confort pour voyager avec celle qui devait devenir ma femme
Un T430 Tiger 900 en mains et le plaisir d’entendre les àvocalises de ce 3 cylindres, nous laissent encore à ce jour attachés à cette moto malgré ses 258 kg .
Jamais en panne ,toujours prête pour l’aventure ,je la contemple tj dans le garage à côté de mon vieux 500.
bonjour,
j’ai la chance de posséder un T301 speed de 1994 et un T338 trident de 1993 avec 124 000 et 180 000 au compteur.
mais je confirme que la speed est envoûtante et féline. 15 ans de bonheur.
J’ai une Daytona super III….De 94 depuis….94 😁…..
Et c’est toujours un bonheur de faire des virées avec. Oui cela a du caractère…
Merci pour votre article.
L’intention est louable mais bien trop d’approximations et d’erreurs dans cet ode au T301. Dommage.
Super article, continuez ainsi ! V