Sauvée de l’emprise de KTM, cette marque de moto italienne pourra fêter ses 90 ans
Quand KTM vacille, MV Agusta se relève. Alors que l’Autrichien traverse une crise structurelle majeure, l’Italien a signé son retour en solo, évitant de justesse de devenir une victime collatérale.
MV Agusta libre de nouveau une résurrection inattendue
En ce début d’année 2025, MV Agusta a repris le contrôle de son destin. Après deux années passées sous le giron de Pierer Mobility, maison-mère de KTM, la marque italienne fondée en 1945 a racheté les 25,1 % de parts que détenait encore l’Autrichien. Une opération menée dans la discrétion, mais qui prend un tout autre relief à la lumière des déboires financiers de KTM.
Pierer Mobility dans la tourmente une déstabilisation brutale
L’annonce avait fait l’effet d’une onde de choc dans le milieu de la moto : KTM, fer de lance du groupe Pierer Mobility, est en réorganisation judiciaire. Endettement massif, chute des volumes de ventes, fermeture de concessions : les signaux d’alerte s’accumulaient. La restructuration concerne 300 postes, avec un impact profond sur les entités du groupe. Plus inquiétant encore, Pit Beirer, directeur de KTM Motorsport, a reconnu publiquement que les problèmes étaient bien plus graves que prévu, évoquant un déséquilibre structurel profond, une perte de contrôle logistique et des retards de production chroniques. En parallèle, Bajaj, actionnaire indien de KTM, a injecté 400 millions d’euros pour tenter de stabiliser l’ensemble, renforçant son influence dans la gouvernance du groupe.
Fort de sa participation initiale de 43 millions d’euros en 2022, Pierer Mobility avait pris une position stratégique chez MV Agusta, qu’il finalisait moins d’un an plus tard par une prise de contrôle complète. Pourtant, en 2023, la situation financière du groupe devenait insoutenable, et explosait en 2024 avec une dette accumulée de 3 milliards d’euros. La restructuration massive lancée cette même année aura permis d’éviter la faillite, mais au prix d’un recentrage brutal. Dans ce contexte, MV Agusta a été revendue à la famille Sardarov, via Art of Mobility S.A., actant un désengagement précipité. Mais le calendrier a sauvé Varese.
Une architecture industrielle déconnectée un choix prémonitoire
Durant la période d’alliance, MV Agusta avait conservé une relative autonomie industrielle. L’intégration technique avec KTM était restée marginale : pas de plateforme commune, pas de mutualisation poussée sur les chaînes de production. Seuls quelques modèles avaient commencé à bénéficier d’une distribution partagée dans certains pays. Ce choix, à l’époque critiqué pour son manque de synergie, s’est révélé salutaire. Car aujourd’hui, MV Agusta peut opérer sans être dépendante d’une logistique sinistrée, ni prise dans les remaniements stratégiques décidés à Mattighofen ou Pune.
Un savoir-faire préservé une technologie toujours souveraine
Les motorisations MV Agusta n’ont jamais cédé à l’uniformisation. Qu’il s’agisse du trois cylindres en ligne de 798 cm3 ou du quatre cylindres 998 cm3 de la Brutale 1000 RR, les blocs mécaniques restaient 100 % maison. Réputés pour leur montée en régime foudroyante et leur compacité, ces moteurs n’ont fait l’objet d’aucune standardisation avec ceux de KTM. En clair : pas de moteur LC8, pas de réduction de cylindrée imposée, pas d’abandon de la distribution radiale. Même la gestion électronique restait développée localement. Ce choix technique, fruit d’une obsession pour la performance pure, garantit aujourd’hui l’intégrité technologique de la marque.
Une autonomie relancée un réseau à rebâtir
Si l’indépendance a été recouvrée, elle n’efface pas les défis. En deux ans, le réseau de distribution MV Agusta s’est en partie aligné sur celui de KTM. Certaines concessions multimarques ont vu leur priorité logistique être recentrée vers l’Autriche. Le retrait de Pierer implique donc une reconsolidation du maillage commercial, notamment en Europe. MV Agusta doit remettre en place une chaîne d’approvisionnement propre, renégocier des volumes de production et retrouver une capacité de livraison fluide. Ce travail, déjà amorcé, sera crucial pour soutenir les ventes.
Une production recentrée un ancrage italien renforcé
Avec son siège à Varese, MV Agusta n’a jamais délocalisé son cœur industriel. La sortie du giron autrichien permet de renforcer cet ancrage. Les chaînes de montage, l’atelier moteur, les bureaux d’études : tout reste en Lombardie. La marque peut ainsi miser sur son image d’artisan haut de gamme pour continuer à proposer des modèles exclusifs. La production reste concentrée sur des volumes faibles mais à forte valeur ajoutée. Ce positionnement premium, risqué en temps de crise, devient aujourd’hui un atout de différenciation.
Un 80ème anniversaire comme ligne de relance
Le 19 janvier 2025, MV Agusta a fêté ses 80 ans. Une occasion prématurée de quelques jours pour se relancer sur le plan symbolique, avec une série d’éditions spéciales et un retour affirmé sur les salons internationaux. L’annonce de l’indépendance tombe quelques jours après, mais au bon moment : elle redonne une visibilité pleine et entière à la marque italienne, sans ombre portée autrichienne. Mais après la symbolique, c’est l’opérationnelle qui comptera. MV Agusta peut-elle redevenir une force sans l’appui logistique d’un grand groupe ? Ou devra-t-elle à nouveau s’adosser à un allié industriel pour aller jusqu’à ses 90 bougies ? C’est autre course qui commence.
J espère encore voir des motos italienne construite en Italie dans 80 ans
Une autonomie industrielle ? KTM avait pris en charge l’approvisionnement des piece, les commandes groupées des matières premières, avait rationalisé le transport des motos en Europe… On peut dire que pour le coup KTM est la seule marque avoir racheter MV et revendu après lui avoir fait le plus grand… contrairement à Harley et Mercedes…
Sardarov à fait la meilleure affaire qui soit
Le plus grand bien