Un siècle après sa disparition, la marque Laurin & Klement se réincarne dans une moto unique
Une moto électrique comme on n’en avait encore jamais vu : tendue, racée, silencieuse et pourtant explosive. Un siècle après sa disparition, Laurin & Klement ressuscite dans un concept sans bornes, signé par un designer français pour le compte d’une marque tchèque.
Slavia B Café Racer par Skoda quand Laurin & Klement roulent vers le future
À l’occasion des 125 ans de Skoda, les ingénieurs maison ont fait renaître un mythe. La Slavia B Café Racer remet à l’honneur le tout premier deux-roues motorisé signé Laurin & Klement, conçu en 1899 à Mladá Boleslav. Ce constructeur pionnier, devenu une référence dans l’Empire austro-hongrois, a été racheté en 1925 par la firme industrielle Škoda, afin d’accélérer son développement automobile. Cent ans plus tard, ce lien entre artisanat et ingénierie industrielle s’exprime dans une moto conceptuelle résolument tournée vers l’avenir.
1899 Laurin & Klement ou l’esprit pionnier des débuts
Tout commence à la fin du XIXe siècle, en Bohême. Václav Laurin, mécanicien passionné, et Václav Klement, libraire autodidacte, s’associent pour produire une bicyclette motorisée : la Slavia. Présentée en 1899, cette moto devient rapidement un symbole d’innovation. Dès 1905, Laurin & Klement s’impose comme le premier fabricant de motos de l’Empire austro-hongrois, avec plus de 3 000 unités produites chaque année. Exportée en Allemagne, en Russie et jusqu’en Angleterre, la marque se hisse au sommet de l’industrie mécanique européenne. En 1925, elle est absorbée par Škoda, alors géant de l’ingénierie, pour créer un nouveau pôle automobile. Ce passé, solidement ancré dans l’histoire industrielle du continent, refait surface aujourd’hui dans une machine aussi radicale que symbolique.
Laurin & Klement en mode café racer
Ce n’est pas un hasard si Skoda a choisi le format café racer pour son hommage. Ce type de moto, dépouillé, racé, presque nerveux dans ses lignes, fait écho aux premières créations Laurin & Klement, façonnées à la main et pensées pour l’efficacité pure. La philosophie artisanale d’hier retrouve ici une nouvelle expression : proportions millimétrées, équilibre des masses et obsession du détail. Le concept Slavia B n’est pas qu’un clin d’œil esthétique, c’est une transposition fidèle de l’esprit d’origine dans un langage formel contemporain.
Une vision statutaire de l’électrique
Là où de nombreux deux-roues électriques misent sur la sobriété fonctionnelle, la Slavia B impose une présence. Elle ne cherche pas à imiter les motos thermiques, elle affirme un style propre, où chaque courbe, chaque silence raconte quelque chose. Ici, l’absence de bruit moteur devient une posture. Le design ne s’excuse pas d’être électrique : il l’assume, il le revendique. Cette moto ne veut pas juste rouler, elle veut dire quelque chose — sur ce que peut être une machine d’émotion à l’ère des électrons.
Une sculpture roulante née de l’impression 3D
La structure de la Slavia B est plus qu’un châssis : c’est un manifeste technique. Entièrement imprimé en 3D dans un alliage d’aluminium, le cadre reprend les principes de l’optimisation topologique pour maximiser la rigidité tout en minimisant le poids. Le résultat est une silhouette légère, tendue, presque biomécanique, qui semble flotter entre tradition et science-fiction. Ce procédé de fabrication, impossible à l’époque de Laurin & Klement, incarne aujourd’hui l’avant-garde de l’ingénierie de précision.
Le moteur électrique prend la roue
La propulsion repose sur une solution discrète mais efficace : un moteur en moyeu, directement intégré dans la roue arrière. Ce choix libère de l’espace au centre du cadre et permet une transmission directe, sans chaîne ni courroie. La batterie, logée dans la colonne centrale, alimente le tout avec sobriété. Skoda n’a pas dévoilé les chiffres exacts de puissance ou d’autonomie, mais l’architecture compacte et la réponse immédiate laissent entrevoir un comportement vif, précis, sans inertie. Un retour à la simplicité mécanique, mais en version 2.0.
Une posture tendue pour un pilotage instinctif
Le design impose une attitude. Guidon bas, repose-pieds reculés, selle surélevée : la position de conduite est pensée pour engager le pilote dans l’action. Loin d’un confort moelleux, la Slavia B invite à une expérience physique, directe, presque sportive. Chaque composant a été dessiné pour répondre à une logique d’épure : éclairage LED intégré dans la fourche, frein arrière actionné à la main, surfaces minimalistes et fonctionnelles. Le résultat est une interface brute entre l’humain et la machine, fidèle à l’esprit café racer.
Une pièce unique entre vitrine technologique et manifeste de style
Skoda l’assume : la Slavia B ne sera pas produite en série. Mais elle n’en reste pas moins un projet profondément stratégique. Elle permet d’explorer des procédés de fabrication, des architectures mécaniques, des lignes de design qui pourraient irriguer d’autres segments à l’avenir. Elle montre que l’électrique peut être désirable, statutaire, émotionnel. En refusant le compromis, ce concept bouscule les conventions et renoue avec une forme de radicalité oubliée.
Une machine du passé pour ouvrir les routes de demain
En revisitant sa propre genèse à l’heure de l’électrification, Skoda ne signe pas un retour nostalgique mais une exploration conceptuelle. Ce n’est pas une rétrospective, c’est une décharge. Mais peut-on dire que c’est un retour aux origines ? Définitivement NON. Car tout a été désossé, reconfiguré, arraché à l’histoire pour mieux lui faire dire autre chose. Ce n’est pas la mémoire qu’on ravive, c’est une tension qu’on initie, dans le but de créer l’élan de demain.
Interessant et à l’image de Skoda qui joint l’utile au Design. Une marque qui monte, qui monte !