Wheeling à moto, la loi a changé, que risquez vous réellement en 2025 ?

Depuis juin 2024, le wheeling sur voie publique est explicitement sanctionné. Jusqu’à présent, il fallait bricoler des procès-verbaux avec des articles mal adaptés. C’est terminé. Le décret n° 2024-528 du 10 juin 2024 vient mettre de l’ordre dans ce grand bazar juridique.
Le wheeling est désormais une infraction spécifique.
Le Wheeling : Une technique aussi délicate que pénalisable
Un wheeling, c’est simple à comprendre : soulever la roue avant de la moto en accélérant comme un dératé tout en maintenant l’équilibre avec la roue arrière. Simple à comprendre, mais pas à réaliser. Il faut un dosage précis des gaz, un transfert de masse propre et un contrôle absolu du point d’équilibre. Toute erreur se paie comptant : glissade incontrôlée, tête dans le goudron, ou pire, collision. À noter que le wheeling appartient à la famille plus vaste des manœuvres acrobatiques. On y trouve aussi le stoppie, où le motard fait l’inverse : il freine fort et lève la roue arrière. Impressionnant, mais tout aussi imprudent sur la route ouverte.
Avant 2024 : Quand la loi pédalait dans la semoule
Avant l’arrivée du décret, les policiers devaient s’appuyer sur l’article R 412-6 du Code de la route : « Tout conducteur doit rester maître de son véhicule. » Le problème est évident. Un wheeling maîtrisé n’était pas forcément répréhensible sous cet article. Il fallait donc souvent « sur-interpréter » la notion de maîtrise. Résultat : des sanctions variables, des contestations faciles, et une tolérance floue. Certes, en 2018, la loi anti-rodéo est venue frapper fort. Mais elle visait surtout les comportements en groupe, les rodéos sauvages, et pas vraiment le type qui claque un wheeling isolé à la sortie d’un rond-point.
Le Décret n° 2024-528 : Enfin une cible claire
L’article R 412-6-4 introduit par le décret est sans ambiguïté :
« Le fait pour tout conducteur d’un véhicule terrestre à moteur d’adopter une position ou d’effectuer une manœuvre acrobatique ou non conforme aux conditions normales d’utilisation d’un véhicule, caractérisée par son imprudence, est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la troisième classe. »
Traduction sans langue de bois : faites un wheeling, peu importe si vous contrôlez parfaitement votre moto, vous êtes en infraction.
Et contrairement au rodéo motorisé, aucune preuve d’intention n’est nécessaire. L’infraction est dite « matérielle » : la simple constatation du wheeling suffit pour verbaliser.
Les nouvelles sanctions en détail
Depuis ce décret, si vous êtes pris en flagrant délit de wheeling, vous risquez :
- Une amende de 68 €, minorée à 45 € si paiement rapide
- Un retrait de 2 points sur votre permis de conduire
- Une suspension de permis pouvant aller jusqu’à 3 ans, selon le contexte et la décision du juge
Et pour faire bonne mesure, le tribunal peut également vous imposer un stage de sensibilisation à la sécurité routière à vos frais.
Autant dire que votre envie de frimer pourrait coûter plus cher que votre dernier train de pneus.
Rodéo motorisé ou Wheeling isolé : Ne pas confondre
Il y a désormais une gradation nette des sanctions.
Un wheeling isolé est puni par une contravention de 3e classe.
Un rodéo motorisé, qui suppose des manœuvres répétées, intentionnelles et parfois en groupe, relève du pénal, avec des sanctions autrement plus lourdes : 15 000 € d’amende et jusqu’à 1 an de prison.
Autre différence majeure : pour le rodéo, il faut prouver l’intention délibérée de perturber la circulation ou de mettre en danger les autres. Pour le wheeling, il suffit que vous ayez levé la roue.
Pourquoi ce durcissement ? Un drame de trop
Ce décret n’est pas tombé du ciel. En septembre 2024, une fillette a été tuée par un motard qui effectuait une roue arrière en pleine rue. Un drame médiatisé, une émotion nationale, et une pression politique pour que cela ne se reproduise plus.
C’est peut-être ce contexte qui a poussé l’État à créer une infraction spécifique, simple à constater, et immédiatement répressive.
Quelques zones d’ombre
Il reste néanmoins des flous. Le texte parle de manœuvre caractérisée par « son imprudence ». Mais où commence et où s’arrête cette imprudence ? Un wheeling sur une route déserte de campagne, est-ce la même infraction qu’un wheeling sur un boulevard bondé à 18h ? Juridiquement, oui. Moralement et judiciairement, l’appréciation pourrait varier.
Les premiers jugements feront donc jurisprudence et affineront l’interprétation.